Le passage des Andes n'a pas été de tout repos. Alors d'accord, je vous vois venir : vous allez me dire qu'un certain Guillaumet en a légèrement pus bavé que nous après le crash de son avion. Ce n'est pas faux. Pour notre part, nous étions installés au premier rang d'un bus à impériale, dans des fauteuils inclinables (un peu...) et avec repas servis à bord ("repas" est peut-être un peu fort, comme terme...)
Toutefois, à notre humble niveau, je pense que ce trajet restera longtemps dans nos mémoires, autant pour les péripéties rencontrées que pour les paysages.
Une grande partie de l'étage de notre bus était occupée par un groupe de jeunes touristes néo-zélandais. Jusque là, tout va bien : cela permettait de se ré-acclimater doucement à la langue de Shakespeare. Toutefois, après le franchissement d'un premier col à 4000 m, la jeune femme qui était assise juste derrière Iris, victime sans doute du mal des montagnes, s'est évanouie et a été prise de convulsions. Heureusement, le bus était équipé d'une bouteille d'oxygène et d'un masque, ce qui a permis d'atténuer les symptômes, et la guide qui accompagnait le groupe a bien su gérer la situation. Mais nous nous trouvions alors à 2 heures de route du poste de secours le plus proche, dans le petit village de Susques, dernier patelin de quelque importance avant la frontière. La pauvre néo-zélandaise, Anna, est restée inconsciente la plus grande partie de ce temps-là, mais a pu tout de même débarquer pour faire quelques examens.
Il a été jugé préférable de l'amener jusqu'à Calama, destination finale du bus, et ville chilienne assez importante, pour des examens complémentaires.
Mais avant cela, il fallait bien entendu passer le poste-frontière. Celui-ci était tenu conjointement par les autorités argentines et chiliennes, sans doute pour fluidifier un peu le passage. Cependant, tout n'était pas d'une efficacité remarquable, puisqu'il nous fallait faire trois fois la queue, à trois guichets différents, situés côte à côte, dans une petite salle qui peinait à contenir tous les passagers du bus : sortie du territoire argentin, entrée dans le territoire chilien, et passage de la douane chilienne. Ouf ! Là aussi, un petit coup de "simplification des procédures" ne ferait pas de mal, surtout quand en bon Européen, on est habitué à Schengen...
Et là évidemment, avec la combinaison de l'altitude et du temps d'attente, voilà Anna qui s'évanouit à nouveau. Le poste comptait une infirmière, et le malaise fut heureusement moins long que dans le bus.
Toutefois, ces deux épisodes sont restés plutôt impressionnants, en particulier pour les filles (qui ne sont pas des habituées de Dr. House), mais pas seulement. Et ce, même si notre participation s'est limitée à offrir quelques conseils et un peu de place sur nos sièges pour les personnes qui s'occupaient d'Anna.
Dernier petit coup de stress, avant de franchir la douane chilienne : faut-il déclarer nos sachets de "yerba mate" (tisane argentine), nos biscuits aux céréales et raisins secs, et notre jus de fruit ? En effet, sur les papiers de rentrée sur le territoire, il est stipulé qu'il est interdit, entre autres, d'importer des fruits ou légumes frais ou secs, des graines, et toute une liste d'article du même genre. Une fois posée la question, la fonctionnaire nous a fait cocher un "oui" sur le formulaire (vous savez, ce genre de formulaire similaire à celui pour rentrer aux USA, où la moindre case cochée "oui" vous vaut, sinon la prison, au moins un tête-à-tête prolongé avec un charmant agent fédéral...) Heureusement, cela n'a pas eu de conséquence, et nous avons pu rentrer avec notre tisane !
Le chauffeur du bus a dû régler, si j'ai bien compris, une amende aux autorités pour les deux heures de retard que nous avions lors du passage de la frontière par rapport à l'horaire annoncé, puis, enfin, nous sommes repartis.
La frontière franchie, il restait encore plus de deux heures de trajet. Mais, quel trajet ! Comme en Argentine, nous n'avons pas eu droit à des pics acérés et couverts de neige, mais plutôt à une succession de cols et de large vallées, avec des lagunes et des salines. Un peu plus avant en territoire chilien, cependant, nous avons pu apercevoir nos premiers volcan. Nous avons, à quelques mètres près, atteint l'altitude du Mont-Blanc au point le plus haut de notre trajet. Malgré notre habitude de l'altitude, grâce aux quelques jours passés dans la Quebrada d'Humahuaca, nous sentions que l'air était bien ténu. Pas de nouveau malaises, mais il n'y avait pas un bruit dans le bus (il faut dire aussi qu'Iris s'était endormie...)
Le village de Susques, juste à côté du petit hôpital |
Quelques-uns des nombreux lamas, moutons et ânes que nous croiserons sur le trajet |
On croirait voir des vagues mourir sur une plage. Mais "l'écume" est en réalité du sel, et la lagune est bien loin de l'océan le plus proche... |
Après le passage de la frontière, nous ne croiserons pratiquement plus personne sur 150 km... |
Juste avant l'arrivée, l'un des volcans visibles depuis San Pedro |
Bref, avec deux heures de retard, nous avons rejoint San Pedro et notre auberge. Le lendemain fut consacré à récupérer un peu de ces épreuves, et à planifier notre séjour dans l'Atacama. Nous attaquons cet après-midi la première excursion, que je ne manquerai pas de vous narrer par le menu prochainement.
Encore merci à tous pour vos commentaires encourageants !
A bientôt
Renaud
On peut rêver voyage plus tranquille... et j'imagine effectivement que certain(e)s ont dû être bien impressionné(e)s ! Par contre, je n'ose imaginer la "tête" de l'hôpital vu le paysage que montrent les photos...
RépondreSupprimerSinon, pourquoi n'a-t-on pas le droit d'entrer au Chili avec fruits ou légumes ?
En tout cas, j'ai l'impression que le dépaysement va être encore de mise...
Bonnes excursions et plein de bisous.
Ah, les tracasseries administratives, c'est toujours fantastique. D'autant que contrairement à d'autres pays qui pratiquent ce genre d'interdiction (l'Australie), le Chili a une frontière terrestre de quelques milliers de kilomètres, allègrement franchie par pleins d'oiseaux, lamas, graines de pollen, etc.
SupprimerAlors quelle est l'efficacité de ce genre de mesure ?
Je ne suis même pas le premier, Fan m'a encore dépassé...
RépondreSupprimerNo comment about Aurtaugraff, sinon je me fais allumer par Fan et Pichel....
Mais c'est juste super de vous suivre dans vos pérégrinations...
Bises et à bientôt..
Eh bien dites moi que de péripéties pour ce voyage, cette jeune femme se souviendra du trajet. merci d'avoir fait si vite pour nous donner d'autres nouvelles nous vous suivons avec grande joie à tout bientôt comme dit souvent P'pa Plein de gros bisous à vous tous
RépondreSupprimerWow! c'est impressionnant de voir tout ça. Nous suivons avec assiduité votre aventure (quand Nathan nous en laisse l'occasion, soit 1 fois toutes les (quelques) semaines).
RépondreSupprimerNous vivons cela par procuration. C'est fabuleux.
Bisous à vous et à vite les nouvelles aventures!
Naomi, Loïc et Nathan
Coucou à vous !
SupprimerCela faisait quelque temps qu'on voulait vous envoyer un petit message, merci de nous avoir devancés !
Et merci de suivre notre périple : ça nous fait très plaisir.
Portez-vous bien et grosses bises à Nathan !
Renaud, Muriel, Norah et Iris
Vous voici passés du côté Pacifique ! On vous suit pied à pied (par la pensée). Notre bon vieux GPS papier (Atlas Universalis) donne vos coordonnées avec précision : 22.55 S ; 68.13 W. Cela nous sécurise. Nous admirons comment vous semblez sereins devant les péripéties du voyage. Nous voyons bien Renaud en copilote de bus. Quant au retard de 2 h cela nous semble une broutille dans un tel périple. On ne va pas chipoter ... pas plus que sur les distractions orthographiques qui ne sont peut-être que des dérapages (contrôlés) digitaux. D'ailleurs, ce serait un exercice pédagogiquement pertinent pour Norah (quand elle sera devenue un peu plus grande ... bientôt ...) de relire le carnet de voyage pour y débusquer les erreurs orthographiques volontairement placées là !
RépondreSupprimerQue de belles photos ! Merci de nous aider à rêver !
P.S. Quel plaisir de retrouver "son" clavier AZERTY dans "son sweet home" !
Coucou du Maugistan ....
RépondreSupprimerEh ! non on n'envie pas vos tee shirt on porte les mêmes ...27° aujourd'hui ....Bon les collines n'ont pas 14 couleurs ....Il n'y a pas de déserts et plein d'autres jolies "choses ".....Mais bientôt on aura des lunettes rose ça a l'air excellent pour le moral ....
Bisous
Maryse & Philippe