samedi 6 juin 2015

Le bout du monde (enfin, pas loin...)




Autant vous prévenir de suite. A ceux qui sont allergiques aux couchers de soleil, je dis : passez votre chemin ! Cet article ne fera que déclencher d'abominables crises d'éternuements que je préfère vous éviter (ne me remerciez pas).

Je vais en effet relater ici notre expédition vers les îles Togian, un petit archipel lové dans la grande baie que forme la péninsule Nord de Sulawesi. Je vous laisse quelques secondes pour sortir votre carte... Ca y est ? Bien, alors commençons.

Je vous avais laissé, rappelez-vous, en plein pays toraja : celui aux maisons bizarres, aux gens très sympas qui aiment les buffles, aux paysages de toute beauté et aux morceaux de cochons fraîchement égorgés qui traînent un peu partout pendant les cérémonies. Je vais vous aider.
Pour les maisons, c'était ça :




Pour les gens et les buffles, ça donnait ça :




La beauté des paysages ? La voici :




Et les cochons ? Euh, là, je préfère passer rapidement...

Maintenant que tout le monde y est, reprenons. Nous avons quitté au petit matin le pays toraja, par bus, en direction des Togian. En l'absence de liaison directe, cependant, nous nous arrêtons, après 13 heures d'un bus aux places étroites et à la clim un peu aléatoire, à Tentena. Cette petite ville tranquille, au bord du lac Poso, nous permit un peu de repos avant de reprendre la route le surlendemain. Elle offrit également aux filles (aux trois !) un baptême de deux-roues motorisés dont elles se seraient bien passées. En effet, à la gare routière, à 22h00, les seuls taxis disponibles sont des scooters ! Après quelques minutes d'appréhension, elles sont finalement arrivées contentes à l'hôtel. 

La grande cascade de Saluopa, près de Tentena, a un côté un peu moins sauvage que celles que nous avons vues en Australie, mais on a aimé ses gros rochers ronds. Iris et moi avons aussi essayé la baignade : un peu fraîche !

 

Les rives du lac Poso, le soir. Très reposant.
 

Lassés du bus, nous avons ensuite accepté une proposition de voiture avec chauffeur pour faire la route jusqu'à notre port d'embarquement pour les Togian, Ampana. Et vu l'état de la route en question, je ne regrette pas ! Un petit mot au passage sur l'organisation de notre itinéraire à Sulawesi. Tout y est extraordinairement facile, beaucoup plus en tout cas que nous ne l'espérions. Le prix de cette facilité se compte en espèces sonnantes, souvent. Si l'on accepte des prix sans doute plus élevés que pour des gens du cru (mais pas toujours, et ils restent de toute façon très accessibles selon nos standards), tout s'enchaîne sans accroc. Pour  aller de Makassar au pays toraja ? Pas de problème. L'hôtelier étant natif du pays toraja, il se charge aimablement de la réservation et nous conduit au terminal de bus. De Rantepao à Tentena : là aussi, le manager de l'hôtel s'arrange pour que le bus passe nous prendre, et nous indique un hôtel qu'il connaît. Cet hôtel nous met en relation avec un guide, histoire de pouvoir se promener un peu aux alentours, et ce guide connaît lui-même un chauffeur pour nous emmener à Ampana, etc., etc. 
Ne croyez pas, cependant, que l'argent seul motive tout le monde, heureusement. On s'empresse ainsi de nous renseigner lorsque nous avons l'air un peu paumés dans la rue, sans qu'il s'agisse forcément de rabatteurs... Et nous avons été très agréablement surpris lorsque l'hôtel, à Rantepao, nous a offert un "deal" moins cher que celui qui nous avait été proposé sur Internet via un célèbre site de réservation... Et juste en face, le restaurant où nous prenions nos repas a décliné mon offre de pourboire : "Too much !" Plutôt sympa, de ne pas se voir uniquement considéré comme une source de devises !

La veille de l'embarquement pour les Togian, nous goûtons un repos bien mérité (?) sur la plage...

Après deux heures de bain l'après-midi, Norah ne résiste pas à l'envie de retourner se tremper les pieds...

Et pendant ce temps, le soleil fait quoi ? Il se couche, bien sûr !

A 10 heures le lendemain, nous prenons un petit bateau qui ravitaille régulièrement certaines des îles Togian. Il existe aussi de plus gros ferry, mais ils ne desservent pas l'île où nous nous rendons, près du village de Bomba. Les pensions pour touristes, peu nombreuses, sont en effet concentrées autour de quelques villages seulement, et l'on imagine le potentiel de développement touristique de la région... Pourvu que cela n'aille pas trop vite !

Embarquement pour Bomba, suivi par trois heures de navigation peu confortable... Pas en raison de la mer, d'un calme parfait, mais plutôt parce qu'il faut que je case mes guibolles entre les passagers, assis à même le pont, en l'absence de sièges.
Ainsi, nous parvenons à la mi-journée sur l'île de Poya Lisa, minuscule, qui comprend en tout et pour tout une salle de restaurant / bar / salle de jeu, deux petites plages, et une douzaine de bungalows. Je dois dire qu'au début, nous avons hésité à y passer les six jours que nous voulions consacrer aux Togian, craignant les affres de l'inaction. Et pourtant, à bien y réfléchir, nos journées furent bien remplies. Voyez plutôt : petit déjeuner, école, voire plongée pour votre serviteur (un centre de plongée était installé à quelques encablures), déjeuner, snorkelling autour de l'île, goûter, coucher de soleil, dîner de poisson grillé... Pas le temps de souffler ! Si l'on y ajoute quelques parties d'échecs, de Uno, et de ping-pong, on comprendra aisément que nous étions au bord de la crise de nerf.

Du côté Ouest de notre bungalow, vue sur le coucher de soleil : cool !

Encore plus cool quand on peut en profiter dans son hamac !

Et côté Est, vue sur le petit bras de mer qui nous séparait du village de Bomba
Alors certes, il n'y avait ni réseau téléphonique ni Internet, et les bungalows étaient assez sommaires, contenant en tout et pour tout un lit, un matelas, deux chaises et un hamac, ainsi qu'une salle d'eau à l'indonésienne (c'est-à-dire une grande bassine d'eau, un seau pour s'asperger, et c'est tout !) Mais nous avions tout ce que l'on peut réellement souhaiter. Climatisation naturelle fournie par la brise marine, vue à tomber par terre, eau à 30°C, nombreux petits poissons, quatre repas les pieds sous la table. Nous étions même, pour la moitié du séjour, les seuls clients de la pension. Autrement dit, les rois de ce bout du monde ! On comprendra donc que, renonçant à chercher mieux, nous nous sommes contentés de ce lieu de villégiature...

Le calme de la mer, la plupart du temps, était simplement irréel à mes yeux, habitués à l'agitation perpétuelle, même quand elle est minime, de l'Atlantique...

Une pirogue, un capitaine, un pique-nique, tout ça rien que pour nous. Et en route pour le snorkelling autour de l'île de Taupan ! Pour y être, il ne vous manque que le doux ronronnement à 120 dB des deux moteurs hors-bord, qui nous propulsaient gaillardement à 4 ou 5 nœuds...

Alors OK : on n'a toujours pas investi dans un appareil étanche, et j'en suis le premier désolé. Mais on voit quand même que l'eau est claire et qu'il y a du corail, non ?

Toujours aussi bruyantes, de nombreuses petites embarcations sillonnaient les eaux autour de ces villages de pêcheurs.

Une halte pique-nique (avec poisson grillé, of course !), sur une petite plage, nous a permis de reprendre des forces entres deux séances d'observation sous-marine

Les filles ont eu l'air de bien s'adapter à ce mode de vie exigeant...

Iris a découvert les échecs, où elle se montra assidue... du moins la première demi-heure !

Ce lieu fut aussi l'occasion de ressortir nos tenues "îles tropicales"

Démonstration de la douche à l'indonésienne... Au moins, cela ne consomme pas trop d'eau, c'est bien !

Le soir est tombé sur le village de Bomba

Pour changer des couchers de soleil : un lever de lune !
Et puis, il nous a fallu repartir, repus de poissons grillés, et même de langoustes, proposées par un pêcheur du coin à 12 euros les cinq (elles n'étaient pas énormes, mais quand même !), pour reprendre le cours de notre voyage. La pirogue de la pension nous a ainsi emmenés à Wakai, principale localité des Togian, où nous avons pris le ferry de nuit pour Gorontalo.

Petite démonstration, là encore, du "système D" indonésien. A peine débarqués sur le quai, un homme vint vers nous "You are taking the ferry ? Do you want a cabin ?" Tiens, je ne savais pas qu'il y avait des cabines, sur ce petit ferry, et je croyais que tous les passagers louaient simplement un petit matelas à même le sol. Mais puisqu'il nous fallait, le lendemain, enchaîner avec dix heures de voiture, je me suis dit que cette offre tombée du ciel nous permettrait d'échapper, peut-être, à une nuit blanche. Le supplément, quoique conséquent, restait abordable (35 euros). Quant au type en question, sans avoir l'air louche, il n'avait pas non plus une allure 100% officielle, mais bon... Il faut faire confiance ! En montant à bord, on nous conduisit donc réellement à une cabine (climatisée, excusez du peu), mais en en faisant sortir son occupant. Bizarre ! En ressortant, j'aperçus avec surprise le panneau "CREW" placardé au-dessus de notre porte. En fait, pour se faire un peu d'argent, l'équipage sous-louait ses propres cabines aux touristes qui en avaient les moyens ! Et il n'existait en effet pas de cabine réellement destinées aux passagers...


Un petit village, très isolé, le long de notre route vers Wakai

Le soir tombe lorsque le ferry prend la mer pour Gorontalo...

...d'où une lumière sympa pour faire des photos de famille...

... et un dernier coucher de soleil sur l'île de Una Una !

A présent, nous disposons de quelques jours pour découvrir l'extrême Nord de Sulawesi, autour de la ville de Manado. Et, tiens ! Nous avons psychologiquement fait un pas vers le retour, en repassant, au moins temporairement, dans le même hémisphère que la plupart de mes lecteurs !


A bientôt, si les dieux du WiFi sont avec nous !

Renaud

5 commentaires:

  1. Nous étions tellement impatients ... que nous sommes les premiers ! Youpi !
    Effectivement, l'allergie s'est déclarée : nous sommes couverts de boutons ("envie" d'être avec vous!) Et les yeux sont tout rougeoyants à force de regarder les photos toutes plus belles les unes que les autres. Nous constatons que vous avez à la fois la sagesse d'accepter un logement un peu spartiate et aussi l'audace de payer un peu plus cher pour loger dans les appartements du capitaine ! Voilà des pratiques qui nous plaisent bien !
    Un coup de coeur pour la photo avec les Indonésiens !
    Aussi quelle joie de voir les 3 Grâces toujours aussi souriantes !
    bisous à toutes les 3 et au Rédacteur en Chef, toujours aussi fin !

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  2. N'étant allergique à rien, je me gave de ces sublimes couchers de soleil, de ces doux paysages et du sourire de ces gens (des vôtres aussi bien sûr, qui font plaisir à voir...). Je crois que j'aurais aussi beaucoup aimé le séjour "crise de nerfs et poisson grillé", vrai moment de bout du monde ...
    Merci pour ces beaux rêves et 1000 bisous.

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  3. Des photos absolument sublimes , que de découvertes à nouveau, des visages tous plus sympathiques les uns que les autres y compris les vôtres !!!!! vous avez eu plus que raison de profiter de tout cela et le récit très vivant fait que l'on voyage avec vous ...... encore certainement plein de belles choses à découvrir dans le prochain épisode plein de tendresse mes barbarr.

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  4. Pas d'allergie non plus pour moi, je pourrais en regarder dix fois plus. Et puis, si gavé de soleils couchants je m'ennuyais un peu, il suffirait d'attendre quelques semaines pour que nous parvienne un photoreportage sur le pays.....du soleil levant. Donc tous seront comblés.
    Et puis ces photos sont rassurantes pour des grands parents (dont je suis) prompts à vous imaginer rampants dans des jungles infernales, entourés de serpents et de dragons, au milieu d'une populations hostile. Tant mieux..
    Bises à vous quatre...

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  5. C'est votre TDM ....Donc vous envoyez les photos que vous voulez ....Couchers de soleil ...Levés de lune ....Hamac ...Maison à la charpente en bambou ....Vos minois souriants...Buffle aux yeux bleus ...Une cacade irisante ....Etc ....Excellent tout ça ..En Maugistan on prend tout !!!
    Bisous les quatre Barbarr ...

    On fait une offrande au Dieu Wifi pour qu'il ne coupe pas le fil

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