mardi 27 janvier 2015

Le pays des fjords, et le Sud du Sud (!)

Quelles sont les images que j'avais en tête, avant le départ, de la Nouvelle-Zélande ? Seigneur des anneaux oblige, c'était avant tout celles de magnifiques chaînes de montagnes aux sommets couronnés de neige, se reflétant dans l'eau pure des lacs. Je sais, il y a aussi des volcans, des côtes splendides, des forêts millénaires, mais c'est ainsi : les Alpes du Sud avaient gravé dans mon esprit une image si forte qu'elles représentaient l'essence même des paysages de ces îles du bout du monde.

Or, en raison des caprices météo de la côte Ouest, j'avais été un peu privé de vues sur ces montagnes. A Wanaka, nous avions enfin trouvé de beaux lacs, mais le beau temps ne dura pas. Un vent fort accompagné de belles averses nous a conduit à poursuivre notre route, après avoir visité l'un des musées du coin (le musée du jouet dont je parlais brièvement à la fin de l'article précédent).


Point fort de l'exposition (c'est dire...), des voitures à pédales étaient mise à disposition. Malgré notre handicap au niveau moteur (Iris ne touchait pas le pédalier), nous n'avons fait qu'une bouchée de l'équipe adverse !
 Nous avons alors gagné le Fiordland, dont la côte découpée est quasiment inacessible, sinon à des bateaux de croisière, tant les routes permettant d'y accéder sont rares. Seul point relié par une route praticable : Milford Sound. Ce hameau figure en bonne place dans les guides touristiques, et le nombre de comagnies proposant des "cruises" et des "scenic flights" est impressionnant par rapport à la taille du lieu. Néanmoins, la route est magnifique, avec de nombreuses possibilités de promenade, où j'ai revu enfin les ingrédients de ma Nouvelle-Zélande mythologique : pics enneigés, lacs et cascades. Au bout de la route, qui s'arrête là où le fjord commence, le panorama est à couper le souffle. Hélas, nous estimerons les tarifs proposés pour les promenades en bateau un peu excessifs (on comprend comment ils ont pu financer le bâtiment flambant neuf de la gare maritime !) A posteriori, je me dis que cela pouvait quand même valoir le coup, tant pis...
Alors, c'est-y pas beau ?

L'humour du DOC

La rivière au bord de laquelle nous avons campé, en route vers Milford Sound. Parfaite, si ce n'est les dizaines de sandflies voraces qui nous ont assailli (c'est le fléau de la côte Ouest et du Fiordland) !

Il est pas beau, mais plutôt mignon, alors...

Key Summit, toujours en direction de Milford Sound


Un "mur de cascades" (il avait beaucoup plu les jours précédents !)

Ça y est ! Voilà Milford Sound, que nous avons mitraillé tant et plus...

Oui, oui : mitraillé...

...vraiment...

...beaucoup !

Sur le chemin du retour, arrêt pour la nuit en bord de lac. Ouh, qu'il était froid, celui-là !

Mais sympa au coucher du soleil !

Petit arrêt, ensuite,dans la région d'Invercargill, au Sud, pour quelques emplettes. Mine de rien, après plus de cinq mois à tourner avec trois paires de chaussettes chacun, certaines ne sont plus vraiment mettables ! De plus, nous avons légèrement explosé l'une de nos liseuses électroniques en démarrant avec le camping-car après avoir oublié de la ranger... Nous l'avons donc aussi remplacée (heureusement que nous n'avons pas eu à racheter aussi un ordinateur, tombé par terre lors de la même mésaventure, mais apparemment plus solide !)

A présent, nous sommes donc sur la côte des Catlins, et les décors champêtres ont largement supplanté, autour de nous, les paysages sauvages des jours précédents. La côte néanmoins, est belle, et peu peuplée. Nous avons ainsi gagné le point de plus Sud de l'île du Sud (mais pas de la Nouvelle-Zélande : il reste encore l'île Stewart !) En chemin, nous "géocachons", si je puis dire. Nous avons en effet, un peu par hasard, récupéré une appli sur le téléphone qui donne la position GPS de "géocaches", des petites boîtes disséminées dans la nature, ou les villes, par des bénévoles inscrits sur un site internet. Ces boîtes contiennent un bloc-note pour indiquer le passage des découvreurs, mais aussi, parfois, de petits objets à échanger (porte-clés, billes, ...) Et depuis que nous avons commencé, miracle : Les filles sont tout d'un coup autrement plus motivées pour marcher un peu ! Et comme il y en a des millions dans le monde, pas difficile d'en trouver une (ou trois, ou dix !) sur notre chemin du jour.

La côte des Catlins : savant dosage de plage de sable blanc, de falaises, de rochers.

Ah oui, ils ont aussi des phares-nains, dans le coin...

Slope Point : tout au bout du bout de l'île du Sud !

Quand on voit la latitude, on s'aperçoit que le pôle est pourtant encore loin ! Paris est plus proche du pôle Nord...

Les rochers de Curio Bay sont en fait des arbres pétrifiés il y a 170 millions d'année. Respect !


Et sur cette plage, nous avons aperçu au loin l'assez rare "pingouin à œil jaune" (si, si, ça existe !)

Quant à notre vie de campeur, si cela peut intéresser la postérité, notre routine est bien rodée. Réveil avec le soleil (ou une heure après, ça dépend...), soit environ sept heures et demi - huit heures (ça va, ce n'est pas trop matinal). Mise en configuration "petit déjeuner" (on range les lit, on sort la table). Ecole jusqu'à midi, 2 jours sur 3, c'est-à-dire quand nous nous trouvons sur un site gratuit ou "low-cost". Dans les campings "chers", le check-out est le plus souvent imposé avant dix heures. Mais nous nous y retrouvons régulièrement (1 jour sur 3, pour ceux qui ont suivi), pour recharger les batteries, faire une lessive, et prendre une douche ! Ensuite, nous prenons la route et sélectionnons une grande rando ("grande", avec les filles, c'est 3-4 heures, tout est relatif...), ou quelques petites balades, puis nous nous rendons vers 17 ou 18h dans le prochain camping. Préparation du repas, dîner, et mise en configuration "nuit" du véhicule. Coucher des filles, suivi de leur endormissement 1h ou 1h30 plus tard (je sais, on a un problème avec ça...) pendant que l'on bouquine. Dodo, et ça recommence le jour d'après. Au niveau du confort, on n'est pas à plaindre, sauf pour les températures glaciales au réveil. Nous avons sorti les draps de soie en plus de la couette ! Il faut dire qu'ici, lors d'une belle journée d'été comme nous en connaissons en ce moment, la température passe de 10°C au lever du jour, pour atteindre 25°C en milieu d'après-midi. Et comme les camping-cars ne sont pas ce qui se fait de mieux en matière d'isolation thermique...

Nous allons donc remonter un peu la côte vers Dunedin, puis, mystère... Nous avons encore presque trois semaines devant nous, en Nouvelle-Zélande, ce qui devrait nous permettre de retourner voir mes chères montagnes...

A bientôt,


Renaud

dimanche 18 janvier 2015

On dirait le Sud...

Voici maintenant presque dix jours que nous avons posé les roues (et les pieds !), sur l'île du Sud. Dix jours que nous vadrouillons en changeant presque chaque nuit d'emplacement de camping, en progressant doucement, mais régulièrement vers le Sud, en profitant des panoramas qui se découvrent au tournant de la route (et les tournants, ils sont nombreux par ici !), et en faisant ici ou là l'une des très nombreuses balades répertoriées dans tout le pays.

Mais avant de vous narrer plus en détails ce que nous y avons vu, faisons ici un petit état des lieux de notre 'for intérieur'. Autrement dit, comment se trouve notre moral, ces jours-ci ? Il est globalement bon, je vous rassure tout de suite. Je crois que pour nos filles, même si de temps en temps surgit une pointe de nostalgie pour la vie routinière qui était jusque là la nôtre, ce séjour néo-zélandais se passe bien. Ce n'est pas tout à fait l'euphorie qui régnait (la plupart du temps !) en Polynésie, mais je pense que cela se passe mieux qu'en Amérique du Sud. Est-ce parce que le voyage s'inscrit progressivement davantage dans les esprits comme un état "durable", et non une simple prolongation des vacances ? Ou bien au contraire parce que c'est l'été, et que la beauté des paysages traversés rappelle justement les congés scolaires (et pourtant, nous avons repris les cours !) ? A moins que la vie en camping-car n'apporte une certaine dose de routine qui les rassure ? Après tout, elles dorment tous les soirs dans le même lit, et elles n'ont pas à faire et défaire sans cesse leurs sacs à dos...
Muriel et moi prenons aussi plaisir à ce mode de voyage, dans ce pays où tout est si simple : c'est reposant ! Pourtant, ne pouvant m'empêcher d'anticiper, je me surprends parfois à stresser pour la reprise (mais oui !), que je commence à esquisser en pensée, alors que la moitié de notre périple reste encore à réaliser ! Et quand, de surcroît, les nouvelles qui viennent de France sont aussi tristes qu'en ce début d'année, le sommeil est parfois un peu plus long à trouver.

Mais revenons à présent à l'île du Sud, ou du moins à ce que nous en avons vu jusqu'ici. Nous avons d'abord pris la route, en débarquant du ferry, vers le Nord-Ouest, longeant les magnifiques îles des Marlborough Sounds jusqu'à un parc naturel très connu ici : l'Abel Tasman Park, du nom du navigateur hollandais qui fut le premier européen à longer les rivages de la Nouvelle-Zélande (merci pour la page culture !)
Cette côte est réputée pour son climat ensoleillé l'été, avec des températures qui - attention les yeux ! - atteignent en moyenne 23°C au cœur de la saison chaude. Effectivement, nous y avons rencontré un ciel bleu, et une mer tout aussi bleue et transparente. Sans oublier de belles plages, et une côte découpée offrant de superbes vues. L'eau était juste un peu (beaucoup) trop fraîche pour que l'illusion de se retrouver à Tahiti persiste bien longtemps.

Depuis l'Abel Tasman Coastal Track (une rando de plusieurs jours dont nous n'avons fait que les quelques premiers kilomètres), la vue vers la mer est splendide

Depuis l'une des nombreuses plages, vue sur un drôle de rocher en forme de ...? 

L'amplitude des marées est très importante dans la région (jusqu'à 6 mètres de différence de hauteur d'eau), ce qui donne des paysages bien différents à quelques heures d'intervalle

Un... euh, oiseau (Jean-Michel, au secours !) qui avait l'obligeance de poser à proximité de la rive

La navigation doit être bien agréable, dans cette zone. Et l'on croise bon nombre de bateau sur la route, sur leur remorque, quand ils ne sont pas dans l'eau.

Nous avons ensuite quitté la côte sur une centaine de kilomètres, en direction de l'Ouest, avant de gagner le Westland, région côtière au pied des Alpes du Sud, le long de la mer de Tasman (encore lui !) Cette région compte environ 1% des Néo-Zélandais seulement, mais un contingent conséquent de touristes vient les renforcer en cette saison. On croise ainsi presque autant de campervans sur la route que de voitures...

Le lac Rotoiti, premier lac de montagne à s'offrir à notre vue...

 De multiples promenades de 30 minutes ou moins sont indiquées le long de la route, menant souvent à de jolis points de vue

Parfois, ces sentiers sont agrémentés d'un swing bridge, qui "swingue" vraiment beaucoup...

Souvent, aussi, un petit lac ou une rivière enjolive le paysage. C'est décidément très bien conçu, ce pays !

Et la nature ne se contente pas des roches ou des cours d'eau pour se faire belle

Sur la côte elle-même, deux lieux nous ont particulièrement marqués. La visite d'une colonie de phoques, tout d'abord. En arrivant, nous nous sommes tous dit : "zut, il n'y en a qu'un !" Erreur. Allongés, immobiles sur les rochers, cachés dans les anfractuosités, ce sont bien une vingtaine d'entre eux que l'on a observé, y compris d'adorables "petits jeunes".
Autre curiosité, les pancake rocks, rochers calcaires érodés à l'aspect très particulier. Personne ne sait vraiment ce qui leur a donné cette forme "en couches". En tout cas, la pointe sur laquelle ils se trouvent a été magnifiquement sculptée par la mer et le vent.






Continuant à cheminer le long de la West Coast, nous sommes arrivés dans la région des glaciers. Deux de ceux-ci, qui bordent le massif du mont Cook, descendent à très basse altitude (de l'ordre de 300 m), et sont donc facilement observables. Malheureusement, le soleil avait alors décidé de nous fausser compagnie (il faut dire que cette côte est l'une des moins ensoleillées du pays...), aussi la découverte de ces glaciers s'est-elle déroulée sous un ciel bien gris. Du coup, difficile de rivaliser avec les magnifiques photos des glaciers de Patagonie...

Le Franz Josef Glacier, en train de se faire recouvrir par les nuages. Comme les glaciers sont relativement peu larges, ils sont passablement recouverts dans leur partie basse par des éboulis, en provenance des pentes adjacentes, d'où l'aspect de "glace bleue sale"

Plus bas dans la vallée, le glacier a laissé des traces de son extension passée, en érodant singulièrement ces roches


Le Fox Glacier : on pouvait davantage s'approcher du front "terminal" du glacier, un peu plus spectaculaire que le précédent !

Je ne vous raconte pas les dangers que nous avons dû braver pour rapporter ces images !

Le soir, une éclaircie nous a permis d'apercevoir le Mt Cook depuis notre camping de bord de mer...
Sous le ciel redevenu clair, nous avons fait avec les filles une petite promenade nocturne (elles étaient ravies !)

Savez-vous reconnaître cette constellation (n'hésitez pas à agrandir la photo en cliquant dessus) ?








Moi, non. Il s'agit en effet des lumières émises par des vers-luisants, que nous avons observés le soir dans la forêt. Ces vers sont assez curieux : ils font pendre, comme on le voit ici, des fils enduits de mucus, similaires à des toiles d'araignées, pour capturer leurs proies !
Quittant enfin la côte Ouest qui recommençait à disparaître sous la grisaille et les grains, nous avons obliqué vers le Sud, où se trouvent les grands lacs de montagne, et où nous sommes encore aujourd'hui. Malgré un vent fort, les averses y sont moins fréquentes, et les lacs offrent des panoramas de toute beauté...

Le lac Hawea nous a séduits...

... au lieu de continuer notre route comme prévu, nous n'avons pu résister à la tentation de s'y baigner (l'eau était froide !) et d'y passer la nuit.

Après les aventures du jour, un repos bien (?) mérité

Le matin, l'école, c'est du sérieux !

A Wanaka, histoire de changer des balades dans la nature, visite au musée des moyens de transport et des jouets : joie pour petits et grands !

Et la suite ? En tenant compte de la météo, pas toujours au beau fixe, nous allons poursuivre vers Queenstown puis le Milford Sound. En combien d'étapes ? L'avenir nous le dira...

A bientôt

Renaud