C'est une image, évidemment.
Après quelques jours de relaxation dans la paisible Gili Air, où les véhicules à moteur sont bannis, nous avons regagné Bali. Les uns ont repris l'avion pour Paris, via Singapour, tandis que les autres se lançaient dans la phase suivante de leurs aventures : l'île de Sulawesi. Dans mon imaginaire collectif à moi tout seul, je voyais l'île à moitié recouverte d'une forêt vierge impénétrable. En fait, c'est plutôt un autre type de jungle qui nous attendait.
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Les élégants prahus des îles Gili, et la vue sur Lombok, enjolivent le cadre dans lequel nous avons pratiqué snorkelling et canoë à fond transparent, pour voir les zolis poissons |
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Aux Gilis, le transport des touristes, comme des...ordures se fait "hippomobilement" |
Sulawesi, en effet, ce fut d'abord pour nous l'arrivée dans sa capitale, Makassar. Renommée Ujung Pandang à l'indépendance, puis re-renommée Makassar (si bien que les deux noms sont utilisés de façon aléatoire : très pratique !), cette métropole ne nous a pas fait grande impression. Je cite Norah, qui a trouvé là le début d'un bon rap :
A Makassar, c'est le bazar !
Il y a plein de trous dans les trottoirs !
Comme un Kuta puissance dix, la plage en moins. Pour filer la ressemblance avec la station balnéaire balinaise, nous avons d'abord mis longtemps avant de trouver l'hôtel, situé dans une petite ruelle, sans la moindre pancarte, ce qui mit à mal les nerfs de notre chauffeur de taxi.
La ville est bien moins touristique que Bali. Nous faisons un peu figure de curiosité, et je ne compte plus les "Hello, mister!" dans la rue, ni les demandes de prise de photos à nos côtés! Mais pour la circulation, même topo : il faut avoir le cœur bien accroché pour oser traverser les boulevards... Les trottoirs sont défoncés, lorsqu'ils existent, et les égouts sont à ciel ouvert. Si l'on ajoute, même si je n'ai rien contre la religion musulmane, les appels à la prière des deux ou trois mosquées avoisinantes, entre 4 et 5 heures du matin, on comprendra que l'envie ne nous a pas pris de rester plus longtemps que le strict nécessaire pour définir la suite de notre itinéraire.
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Près de la mer, à Makassar, un espace piéton totalement inespéré permettait aux enfants de découvrir les joies de la voiture, de la trottinette et du scooter électrique |
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Le front de mer nous a même offert - tiens, comme c'est original ! - un beau coucher de soleil... |
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Seuls Occidentaux dans les parages, nous avons connu un certain succès photographique auprès des promeneurs.
Ici, Norah pose avec joie, après quelques minutes difficiles passées à maîtriser son engin électrique ! |
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Au vu de la pose de cette statue, combinée au sourire horizontal de la lune à l'équateur, nous ne pouvions pas résister à l'envie de faire cette photo ! |
Faisant le tri parmi les différentes options, nous avons finalement choisi la plus classique : un départ vers le Nord, pour visiter le pays Toraja, avant de gagner un peu plus tard les îles Togian.
C'est ainsi que nous avons débarqué, après 10 heures de bus, à Rantepao, la capitale du Nord-Toraja. Pour une fois, le chauffeur connaissait l'hôtel : ouf ! Nous fîmes aussitôt (que le "hasard" fait bien les choses !) la connaissance d'un guide, John, prêt à nous faire découvrir la région. John, c'est sûr, ça ne fait pas très local... Mais il faut savoir que les Torajas ont subi une évangélisation récente (un siècle à peine), et que les prénoms "bibliques" sont toujours en vogue. Malgré son prénom, c'est donc bien un sympathique jeune homme du pays qui nous a emmené découvrir la culture toraja.
La forme la plus visible de cette culture réside dans l'architecture des maisons et des greniers, très décorés, et possédant un toit à nul autre pareil : élancé, élégant, évoquant les cornes du buffle, l'animal le plus vénéré ici. Si l'on voit assez peu de ces maisons traditionnelles en ville, elles sont encore très nombreuses dans les campagnes, même si des matériaux modernes ont partiellement remplacé ceux des méthodes ancestrales. Et sur fond de rizières et de montagnes, elle contribuent à offrir aux touristes des paysages fabuleux... Jugez plutôt :
Nous avons aussi découvert l'immense marché local : buffles et cochons, destinés aux cérémonies, coqs "cocoricant" à tout va, poissons à peine tirés de la rivière, piments multicolores, fruits, tabac, articles en tout genre. Très impressionnant ! Surtout lorsqu'il faut se faufiler entre les buffles, en évitant de passer trop près de l'avant (cornes) ou de l'arrière (bouses) !
Puis notre guide nous a emmenés assister à une cérémonie. En arrivant, nous comprîmes tout de suite ce que "destinés aux cérémonies" signifiait.
Imaginez. Entouré de constructions traditionnelles, le site est jonché de quartiers de cochons fraîchement découpés. Des flaques de sang parsèment le sol. De temps en temps, on entend les cris d'un porc que l'on égorge, tandis que les équarrisseurs officient, et que des hommes équipés de lance-flamme brûlent la peau des animaux (pour en retirer les poils ?). Ambiance... Nos filles sont impressionnées par le spectacle, et nous aussi ! De façon presque incongrue, au milieu du carnage, un groupe d'enfants impeccablement habillés se met à jouer de la musique avec des instruments en bambou...
La promenade dans les vertes rizières, ensuite, fut la bienvenue ! Nous avons également vu les sites funéraires, très importants dans la culture toraja. A flanc de falaise, des grottes, ou bien des trous creusés par les hommes, abritent les cercueils des défunts. Lorsque ceux-ci appartiennent à la caste supérieure, ils sont représentés par une statue à leur image, observant sans lassitude les allées et venues des visiteurs. Certaines grottes importantes sont de véritables catacombes : des ossements et des crânes sont rangés, nombreux, au milieu des cercueils. Décidément, la mort était très présente lors de cette journée...
Pour terminer sur une note plus légère, nous avons pu voir les affiches électorales d'un improbable cousin éloigné ! Nous sommes également passés devant un magasin au nom de "Barito", mais trop vite pour prendre la photo.
A bientôt
Renaud